Il y a un bout de temps de cela, j’ai fait partie des quelques personnes parisiennes qui ont lu Getting Things Done en V.O. et l’ont apprécié assez pour en parler sur leur blog, sur des forums, des mailing-listes. C’est amusant de retrouver cet ouvrage comme conseil qu’on me donne régulièrement quand je me plains d’avoir une vie trop remplie et pas gérable.
Note supplémentaire, si vous lisez Getting Things Done, n’oubliez pas de lire le complément Ready for Anything: 52 Productivity Principles for Getting Things Done. Enfin je l’ai lu après plusieurs années de pratique de GTD, et j’en ai pleinement apprécié le contenu.
Des principes géniaux…
Pour moi, les principes de GTD qui sont géniaux sont de vider sa tête des « boucles » qui permet d’éviter de ruminer des choses importantes, ainsi que le seuil des 2 minutes : si la tâche prend moins de 2 minutes, faites la immédiatement, car c’est plus coûteux de la reporter. Les autres propositions moins mises en avant qui sont pourtant cruciales pour réussir à utiliser GTD à tout son potentiel sont la Revue Hebdomadaire et le fait de prendre de la hauteur sur ses buts dans la vie. La Revue Hebdomadaire est cruciale, et donne tout le sens des lieux de collecte de l’information (Inbox). Le fait de prendre de la hauteur est important pour une vision moyen-long terme de ses projets et de sa carrière.
…aux illusions
Le principal reproche que je fais à GTD est de donner l’illusion qu’on peut tout faire. J’ai cru un bon moment que faire des listes suffirait à me donner la possibilité de réaliser mes projets. Et j’ai des projets qui sont restés non-aboutis de liste en liste (1), tandis que d’autres étaient rapidement réalisés. Ces projets étaient voués à l’échec car ils ne m’intéressaient pas vraiment, ou ont rapidement cessé d’être pertinent. Pourtant, une fois inscrits dans ma liste et la Next Action définie, ils y gagnaient une place ad vitam æternam.
Dans son inspiration, GTD ne met pas l’accent sur le fait d’abandonner si cela ne convient finalement pas. Evidemment, chacun garde son libre arbitre et la Revue Hebdomadaire permet de reprendre les projets et de les éliminer. Cependant, j’ai, pour ma part, tenu à garder des projets zombies trop longtemps et je me suis faite mordre.
De plus, il existe les listes « Un Jour, Peut-être » qui conduisent à accumuler, comme dans votre outil de favoris (Wallabag, Pocket, Instapaper, etc.) des potentiels sujets d’intérêts. La liste peut s’allonger à l’infini, sans tri ni revue, c’est une sorte de grenier de vos envies. Pour ma part, j’en ai listé des films à voir, des livres à lire, des choses à faire…avant de comprendre que c’était les envoyer dans /dev/null.
Depuis, j’ai lu un billet intéressant titré : If you want to follow your dreams, you have to say no the all the alternatives que je vous recommande de lire. Finalement, c’est peut-être une façon diférente de remettre à « Un Jour, Peut-être » les propositions parasites de votre but ultime ?
Un autre reproche que je fais à cette méthode, c’est que c’est difficile de rattraper si on abandonne un petit moment. Les options sont donc de reprendre depuis zéro, ce qui peut fonctionner ou de s’y recoller péniblement en essayant de démêler quel était le but du projet en question. J’ai souvent trouvé décourageant de reprendre une ancienne liste (mettons de 12 mois) pour la faire revivre.
C’est également très frustrant, pour moi, de s’investir dans des projets dont l’avancement ne dépend que peu de vous. Relancer sans cesse est une Next Action potable, et pourtant j’ai l’impression de piétiner si les projets n’avancent pas assez vite. La conséquence est que je me limite à des projets unipersonnels, qui ne dépendent de personne.
Avec ces fausses promesses de productivité personnelle à tout prix, j’ai cru que je pouvais glandouiller et que, grâce à GTD, tout serait fait en temps et en heure. Bien entendu, appelez moi naïve, cela ne fonctionne pas. GTD permet de réaliser ses projets sans paniquer, mais il pousse aussi à multiplier les projets sans fin et sans répit.
Un livre fondateur
Getting Things Done est un livre fondateur pour moi, une méthode intéressante à laquelle je reviens régulièrement, et ce dans tous les domaines de la vie. Lisez le livre surtout si vous évoluez dans une façon de travailler agile. Si vous rêvez comme moi de journées avec des heures en plus pour y caser tout ce que vous voudriez faire : méfiez-vous ! Votre euphorie du début pourrait faire place à un échec sur la durée.
(1) J’utilise un calepin papier, donc je recopie dans un nouveau calepin quand l’ancien est plein.
Je suis content de te lire car j’avais un peu l’impression d’être un extraterrestre en passant la même chose que toi.
Je vois que Genma a fait un billet en rapport : https://blog.genma.fr/?Tout-intellectualiser
Étrange : c’est la seconde fois que j’entends parler de GTD en moins de 24 heures ! Je ne connais absolument pas cette méthode, mais tu me donnes envie de me renseigner. Il y a six mois, j’ai cédé à la hype et j’ai adopté la méthode du bullet journal (« bujo » pour les intimes).
Méthode dont on m’avait dit tout et son contraire. J’ai l’impression qu’il y a pas mal de points communs entre le bujo et GTD (le planning hebdo, etc.).
Passé l’enthousiasme des débuts, où je notais absolument tout en mode « liste au père Noël de la productivité », désormais je me suis un peu lâché la bride et j’en ai fait une sorte de suite de to do lists hebdomadaires, et laissé de côté les pages hyper complexes pour concevoir une fusée (je caricature, mais quand je vois ce que font certaines personnes de leur bujo, wahou y’a de quoi avoir des complexes).
Cependant, ayant moi aussi plein de projets et d’envies, cela m’intéresse toujours de découvrir les autres méthodes qui existent.
Je suis friande de ce type de retour d’expérience en tout cas, et je m’étonne de ne jamais avoir lu ton blog avant ?! Quelle est cette diablerie ? 🙂
> Je suis friande de ce type de retour d’expérience en tout cas, et je m’étonne de ne jamais avoir lu ton blog avant ?! Quelle est cette diablerie ?
Je ne sais pas, on s’est rencontrées IRL que très récemment alors qu’on aurait pu (dû ?) le faire depuis bien longtemps !